J’ai récemment déduit un phénomène intéressant en étudiant le laze, une langue kartvèle à alignement ergatif-absolutif, dont la documentation reste partielle. Voici la synthèse de mon observation.


💡 Déduction

En laze, le sujet d’un verbe transitif est marqué à l’ergatif même si l’objet n’est pas exprimé.

Exemple :

hemuk şums
il boit (qqch)
hemuk = “il” à l’ergatif (-uk)
şums = verbe boire, conjugué

Bien que l’objet ne soit pas présent dans la phrase, le verbe reste morphologiquement transitif. Il inclut un objet implicite à la 3e personne.


🔁 Vérification

Quand l’objet est exprimé, il apparaît sous forme de préfixe :

hemuk mşums
il me boit
m- = objet de 1re personne (absolutif)

Cela confirme que la forme sans préfixe (şums) encode un objet par défaut à la 3e personne.


🧠 Interprétation linguistique

Cela implique :

  • L’ergatif n’est jamais utilisé “par erreur”.
  • Même si un seul actant est exprimé dans la phrase, la structure verbale peut être doublement marquée :
    • Agent = ergatif
    • Patient = intégré morphologiquement au verbe

🔗 Parallèle

On observe le même phénomène en géorgien :

c̣’ams = il mange (qqch)
mc̣’ams = il me mange

Le marquage zéro de l’objet 3sg est courant en kartvèle.


🧩 Conclusion

Cette observation confirme que le laze possède une morphosyntaxe riche, où l’objet implicite est intégré dans la conjugaison, justifiant le recours à l’ergatif même en apparence sans patient exprimé.

Une belle illustration de la logique profonde des langues ergatives.